On fait de notre mieux.

On fait de notre mieux
Suite à la lecture de l’article de la marmotte chuchote, « Le changement, les autres et moi », nous avons eu nous aussi envie d’exprimer notre ressenti face au changement, les autres et nous

Même si nous assumons largement nos choix de vie, il y a des réflexions qui peuvent sincèrement nous peiner ou nous mettre en colère ; non pas que nous sommes vexé.e.s que quelqu’un.e n’approuve pas nos choix, mais par le jugement facile, le manque de connaissance et accessoirement le manque d’intérêt envers nous, ou simplement la violence de la réaction.

Nous avons lu beaucoup de témoignages de personnes essayant de limiter leur empreinte écologique, au travers la démarche zéro déchet, la non-consommation de produits carnés, l’utilisation de leur énergie corporelle au lieu d’une énergie issue du pétrole ou du nucléaire (la marche ou le vélo, les outils manuels plutôt qu’électriques …) etc.  Dans la plupart de ces témoignages, on peut y lire l’envie de faire au mieux, le besoin de faire sa part… Et régulièrement dans les réactions, on retrouve LE/LA redresseur.se de torts qui vient pointer du doigt la pseudo incohérence de la personne. La réaction type c’est : « Tu ne produits pas de déchet, tu n’utilises pas la voiture, tu ne consommes pas de produits animaux, tu recycles […] mais ! Tu utilises facebook ? Honte à toi ! » Tu es de la pire espèce, tu prétends faire le bien mais tu pollues parce que tu as un ordinateur, que tu utilises internet, que tu es inscrit sur un réseau social douteux. Comme s’il fallait être parfait pour être respectable. Pour cette personne là, si tu ne pars pas vivre au fin fond de l’Alaska les mains dans les poches pour y vivre seul, tu n’es pas cohérent. Critiquer les personnes qui tentent de faire de leur mieux, qui font déjà bien plus que la moyenne nationale pour l’environnement, c’est tellement plus constructif. Et puisque c’est difficile d’atteindre la perfection (L’Alaska, tout ça…) autant ne rien faire du tout, c’est mieux.

« Vu qu’on doit tous y passer, alors allons-y tous en même temps, Faisons pas les choses à moitié, Profitons-en  ! »

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Edito de Cultures Bio (cliquez pour lire)

« D’façons, tout est pollué ! »

Seconde remarque qui revient très souvent, c’est celle-ci. « Pourquoi je paierai plus cher pour manger bio ? Tout est pollué, la terre, l’air, l’eau… alors ta bio aussi est polluée ! ». Remarque pertinente, tout est pollué. Deux solutions face à ce problème: Soit on continue d’encourager une agriculture destructrice, polluante, à bout de souffle, dépendante du pétrole, responsable de milliers de morts et de maladies. Soit on encourage une agriculture saine, qui ne détruit pas les sols mais qui tente de les « réparer », qui ne pollue pas, ou peu, bref, qui fait de son mieux. Alors effectivement, acheter bio ne signifie pas acheter des produits totalement exempts de pesticides et autres produits phyto. On ne peut pas être sur qu’il n y ait pas des traces ; mais on peut être sûr qu’en achetant des produits issus de l’agriculture conventionnelle, il y en aura

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« Et tant qu’à faire,faisons le bien, faisons pas les choses à moitié, vu qu’toute façon on va tous crever, un seul objectif en tête, niquons la planète ! »

« Il faut bien mourir de quelque chose »

Effectivement, réflexion hautement philosophique. Mourir d’avoir assez vécu (comprendre, mourir de « vieillesse ») n’a pas l’air d’être une option pour ces personnes. Car mourir d’un cancer suite à l’exposition de pesticides ou herbicides, ça a l’air vraiment top, on se marre bien en oncologie. Et sans même penser directement à la mort, le diabète, la maladie de Parkinson, Alzheimer, les lymphomes, et toutes ces maladies « sans lien scientifiquement prouvé avec les pesticides » ça vend vraiment du rêve ? Et les tampons à la dioxine, peut être l’une des causes de cette merde d’endométriose , parce que c’est trop cool d’avoir sa vie gâchée avant même la trentaine. Et à ceux qui préfèrent « mourir jeune mais en ayant profiter que mourir vieux en s’étant privé », il est d’une tristesse de penser que manger un minimum « sain » c’est forcément se priver, ou que de ne pas se tartiner la tronche de Nivécracra et L’orécrotte c’est passer à côté d’une belle vie. Bien sûr, manger bio ne nous rendra pas immortel, et les maladies neurologiques ne nous épargnerons peut-être pas, mais là encore on aura fait notre part. Mais consommer en toute conscience des produits que l’on sait néfaste pour notre corps et laisser des industriels nous empoisonner pourrait presque s’apparenter à un suicide.

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«Tu ne changeras pas le monde !»

 » Je ne suis qu’une goutte de plus noyée dans l’océan qui sait
Qu’à nous tous, on pourrait faire plein de vagues et tout éclabousser « 

Alors non, on ne changera peut-être pas le monde, mais en tous cas, on ne l’aura pas encourager à continuer de foncer dans le mur.  Non, nous aurons fait notre part, aussi infime soit elle, comme des milliers d’autres personnes. Car évidemment qu’à notre échelle, on ne peut pas tout changer, mais combien sommes nous à revoir totalement notre manière de consommer ? Je (Laurine) suis sur deux groupes Facebook (tu sais, le réseau social qui nécessite un ordinateur et une connexion internet, qui fait de moi une écolo imparfaite) qui incite à la consommation responsable, éthique, biologique, minimaliste bref… la sobriété heureuse ! Et bien, nous sommes quelques milliers dessus (édit en octobre 2017, nous sommes presque 100 000); régulièrement nous voyons des posts de personnes fières d’elles d’être passées au lavable, d’avoir laissé tomber les grandes surfaces, de réduire leur conso de viande et d’augmenter la part de l’alimentation biologique. Ce genre de changement, nous en voyons tous les jours. Et même si quelques milliers ne sont rien face aux milliards que nous sommes, nous ne doutons pas que beaucoup de gens font les choses dans leur coin et l’inculque à leurs enfants.

Donc non, on ne changera pas le monde tout.es seul.e.s, mais on peut se regarder dans le miroir en sachant que nous faisons quelque chose, et que ces quelques choses  inspirent d’autres personnes.

Edit au 15 octobre 2017 : Au début de cette année, nous apprenions que les Français consommaient moins de produits de grandes surfaces, moins de viande, de lait animal et de soda et achetaient davantage des produits BIO. Source. Comme quoi hein…

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« Parce qu’on est tous une goutte de plus et que chaque goutte est importante…. «

Ce genre de réactions est parfois difficile à encaisser, notamment lorsqu’il vient de l’entourage proche. Dire à quelqu’un.e que tous ces petits gestes sont vains revient à dire que nous sommes condamné.e.s, que nous ne pouvons rien changer si ce n’est accepter que nous nous empoisonnons, que nous faisons disparaître à tous jamais des espèces, que nous détruisons notre propre maison et notre propre Mère.  Egalement que nous n’avons pas confiance en les capacités de cette personne; ça s’apparente à cette phrase assassine « je ne crois pas en toi ».

Mais si ces réactions nous mettent parfois en colère, nous savons que ces  avis appartiennent à celleux qui les émettent. Malgré toute notre bienveillance et notre absence de jugement si nous parlons de notre mode de vie, la plupart des gens ne peut s’empêcher de s’interroger sur sa propre manière de faire. Nous forçons les gens malgré nous à se remettre en question et ce n’est pas évident de remettre en cause des années d’habitudes. Il est sans doute plus facile de dénigrer le changement de l’autre, plutôt que d’accepter qu’on s’est peut-être trompé.e et de tout changer. Et admettre que l’autre a raison, c’est être obligé.e de changer son comportement pourtant confortable. Ou alors s’arranger avec sa conscience en mode dissonance cognitive (je vous invite fortement à cliquer sur le lien) : je sais que tu as raison mais dans le fond, tu sais bien que tout est pollué, que ça changera pas le monde et qu’en plus, faut bien mourir de quelque chose…

Et nous savons de quoi nous parlons, il y a peut-être cinq ans, nous nous disions sur le chemin du fast food qu’il fallait bien mourir de quelque chose, et puis, que la bio c’était trop cher et que nous n’avions pas d’argent à mettre là dedans, et qu’en plus, la bio ne pouvait exister puisque tout était pollué.

Et puis nous avons changé.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire ces articles :

« Changement de vie et regard des autres« 

« Pointer la faille« 

«  Trier tes déchets ça sert à rien, les multinationales polluent bien plus « 

le-changement-les-autres-et-nous

Niquons la planète – HK et les saltimbanks
Une goutte de plus – Keny Arkana

25 réflexions sur “On fait de notre mieux.

  1. Le consommateur a du pouvoir : le pouvoir de ne pas acheter.
    Moins les produits pollués se vendront, moins on en produira, c’est ce qui est en train de se passer. Les industriels ne sont pas des imbéciles, ils sont en train de surfer sur la vague Bio pour continuer à faire du profit.
    Donc les choses sont en train de changer petit à petit, continuons à faire de notre mieux !

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  2. Salut Laurine !
    Je réagis à cet article car je m’y retrouve (comme sans doute bon nombre de personnes suivant votre blog).
    Il y a quelques années, mon ex (un gros con, passons) m’a dit que ça ne servait à rien de faire des efforts pour la planète car personne n’en fait (je la fais courte). J’étais déjà tellement ancrée dans mes principes que j’ai un tout petit peu discuté avec lui mais sans grand résultat, de toute façon, si je ne suis plus avec lui c’est pour une bonne raison hein 😉 tout ça pour dire que j’ai gardé mes principes (même si je ne suis pas à proprement parler un modèle : j’ai une voiture diesel que j’ai du mal à laisser au garage, je mange parfois de la viande, j’achète à moitié en grande surface …) et je me sens bien avec moi-même, je sais qu’on ne peut pas tout faire comme il faut mais « un voyage de mille lieux commence toujours par un premier pas » (Lao-Tseu), je fais ce que je peux avec ce que j’ai.
    Malgré ça, je suis assez pessimiste quant à l’avenir de l’humanité mais bon …
    Merci pour ton blog qui est à chaque article un plaisir à lire et une mine d’inspiration (et de motivation pour toujours faire mieux !!) :*
    Bises à Alexys (j’ai bien orthographié ?) et bisous à toi aussi bien sûr 😀

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    • Nous n’avions pas pris le temps de te répondre, mais on te remercie pour ton témoignage 🙂 On n’avait pas relevé cette raison, mais quand l’un dénigre l’autre avec ce genre d’argument « ça sert à rien », c’est que s’il disait/pensait le contraire, il serait obligé de changer. Or, pour ne pas renoncer à son ‘confort’ (qui est très subjectif), il vaut mieux dire que c’est inutile.. .
      Le principal c’est que tu sois à l’aise dans tes pompes et en accord avec tes convictions 🙂 Nous ne sommes pas parfait non plus 😀
      (oui, c’est très bien orthographié, merci!!) merci à toi de nous lire 😉
      bisous

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  3. Merci pour cet article!! Je suis tellement d’accord! Je suis vegan, et même si je le suis avant tout par éthique, j’aborde souvent la question par le biais de l’environnement et des effets dévastateurs de l’élevage…Et j’ai souvent eu des remarques, du style « oui mais tu ne fais pas TOUT bien » oui c’est vrai, j’ai une voiture (hybride), je prends un bain de temps en temps, etc…je pense que c’est un peu un réflexe défensif, pour justifier l’inaction ou le désintérêt de ces questions. Je suis entièrement d’accord sur le fait que consommer, c’est voter.

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    • merci pour ton commentaire 🙂 C’est exactement ça, ça permet de rester dans sa zone de confort. Si la personne qui pointe tes « défauts » admettait que ce que tu fais est bien et a du sens, ça l’obligerait à faire de même. C’est plus rassurant pour eux de croire que nos gestes sont vains :/

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  4. Bravo, c’est totalement vrai. A en écouter certains on n’aurait plus de conviction et on ne ferait plus rien sous prétexte de pas pouvoir faire le maximum… avec bébé beaucoup ne comprennent pas mes choix. pourquoi allaiter ? pourquoi ne pas donner des petits pots ? Pourquoi lui donner du bio ? etc etc

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    • ou « Pourquoi tu t’embêtes à le faire, tu peux l’acheter au magasin » je ne suis pas concernée par ce sujet, mais combien de fois j’ai lu ce genre de phrases envers des mamans 😮

      Oui, pour certains, visiblement c’est mieux de ne rien faire que faire « pas assez » :/ C’est triste, mais heureusement que beaucoup ne baissent pas les bras et gardent la tête haute 🙂 merci pour ton passage 😉

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  5. J’aime beaucoup le ton de cet article. J’ai parfois constaté que ces mêmes personnes qui dénigrent dès mode de fonctionnement (souvent parce qu’ils ne savent pas encore de quoi ils parlent) sont souvent les mêmes personnes que l’on retrouvera quelques années en ayant adopté de nouvelles pratique et qui auront un discours convaincant sur ce qu’ils mettent en œuvre, voire en voulant imposer un point de vue sur le sujet en oubliant meme qu’ils ont critiqué le sujet quelques années auparavant en jugeant cette initiative impossible. J’aime les gens qui ouvrent les champs des possibles, qui par leur pédagogie suscite la réflexion et la remise en question comme le fait cet article. Ca me donne envie de découvrir un peu plus son contenu, je vais aller butiner 🙂

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    • Il faut rester patient et se dire que ça finira par devenir automatique. J’essaie depuis plusieurs mois/années de faire comprendre à mes parents et beaux parents qu’il ne faut pas systématiquement jeter les objets, car on peut leur offrir une seconde vie en les donnant. Ce n’est pas encore automatique, mais on commence à voir un résultat, et ça, ça fait plaisir 🙂

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  6. Superbe article, bien rédigé et qui a du sens. Je suis totalement d’accord avec tout ce que tu y dis. Arrêtons d’écouter les autres. Et faisons ce que nous voulons faire un point c’est tout.
    Moral à bloc après cet article merci.
    Bisous
    Laura

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  7. Pingback: Permaculture – le gros mot. | les2alchimistes

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