Pourquoi je suis devenu un tueur de limaces ?

comment je suis devenu un tueur de limace

Avec la météo très pluvieuse de ce début de saison 2018, combinée à des pratiques qui leur sont favorables, on assiste un peu partout à une prolifération de limaces très importante. Les limaces font de nombreux dégâts dans le potager, s’en prenant fréquemment aux semis tout juste sortis, aux plants fraîchement repiqués, et parfois à des plantes bien établies depuis longtemps.

Pourquoi autant de limaces ?

Pas de surprise, les pluies à répétition y sont pour beaucoup. Les limaces ne sortent que par temps humide, c’est pourquoi elles sont si présentes en ce début de saison, justement à la période où nous plantons et semons le plus au potager.
Nos pratiques au jardin ont un effet positif pour elles; cachées sous l’humide paillage, elles sont davantage protégées de la sécheresse estivale et des gelées hivernales. Le non travail du sol joue aussi pour beaucoup ; en le bêchant avant l’hiver par exemple, on remonte à la surface du sol les œufs et les adultes, ce qui, en les exposant aux oiseaux, au gel et au soleil, les régule. En abandonnant ce genre de pratique, nos amis passeront donc l’hiver sereinement et profiteront du redoux printanier pour se multiplier encore et encore.
Enfin, la diminution, quand ce n’est pas l’absence de prédateurs joue aussi pour beaucoup dans la prolifération des limaces.
Peu de régulateurs, un temps idéal, de quoi manger et de quoi se cacher, toutes les conditions sont réunies pour que la pression des limaces devienne insupportable.

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Comment s’en sortir ?

On lit beaucoup, beaucoup de choses sur les limaces, et chacun y va de sa petite astuce pour réduire les dégâts. Seulement, comme pour tout, ce qui fonctionne quelque part ne fonctionnera pas nécessairement chez vous. Je vais donc parler uniquement de ces solutions  miracle que je connais et ai testé sur notre terrain.

  • En premier lieu, une astuce qui revient souvent ; les coquilles d’œufs broyées, cassées, étalées au pied des jeunes plants. J’ai fait un test sur 6 salades, 3 avec coquilles, 3 sans : les 3 avec coquilles ont été dévorées la première nuit, et 1 sans protection a été dévorée aussi. Les 2 autres ont disparu la nuit suivante.
    L’efficacité supposée relèverait d’une observation un peu simpliste ; les bords coupant des coquilles couperaient le pied des limaces, ainsi elles ne franchiraient pas cette « barrière ». Visiblement, c’est un mythe, à moins que nos limaces n’aient la chance de pouvoir voler au-dessus de cette barrière… Mais non, je les ai clairement vues avancer dessus. Il en va de même pour la protection avec des bogues de châtaigne… De plus, il faut consommer une belle quantité d’œufs pour protéger ses plants de la voracité des mollusques . Efficacité : 0
  • Ensuite, j’ai testé le marc de café, réputé répulsif à fourmis et à limaces. Aucun doute possible, ça ne fonctionne pas ; j’ai pu voir de mes yeux une fourmilière dans un tas de marc de café, et des plants toujours autant dévorés malgré l’épandage du marc (par des limaces bien évidemment, pas des fourmis). Et encore une fois, imaginez la quantité de café qu’il faudrait ingurgiter pour protéger un potager entier… Efficacité : 0
  • Le paillage de chanvre est également réputé pour tenir à distance les limaces. On l’a déjà testé, et les limaces ont tout autant apprécié les choux chinois, avec ou sans chanvre. Efficacité : 0
  • Autre  « barrière » à limaces, le sable. Ayant déjà cultivé un potager sur sol très sableux, on peut confirmer que ça n’a vraiment aucun impact. Efficacité : 0

    dentelle limace et escargots

    Pak choi de notre ancien potager, sableux, qui était protégé par des coquilles d’œufs et paillé au chanvre.

  • Autre astuce, la cendre de bois, que nous n’avons pas testé, car la cendre est très alcaline. N’étant efficace que par temps sec, la barrière de cendres est à renouveler après chaque pluie. Mais à quoi bon se protéger des limaces par temps sec, alors qu’elles sont bien plus actives par temps humide ? Et comme il faudrait renouveler après chaque pluie l’apport de cendres, le risque de perturber le sol est très grand ; on ne devrait pas dépasser 100g de cendre au m² à l’année, grosso modo 2 poignées. Riche en chaux et en potasse, on risque de créer des blocages et des carences en voulant protéger ses plantes. Je pense qu’après une semaine de pluie, on dépasserait largement la dose maximale recommandée, à renouveler quotidiennement les cendres… Efficacité : faible au vu des inconvénients
  • On recommande de plus en plus souvent de déposer des déchets verts (fanes de légumes, épluchures…) directement au sol, les limaces étant a priori plus amatrices de ces restes de légumes plutôt que de nos jeunes pousses. En pratique, c’est bien plus complexe que ça car toutes les limaces n’ont pas le même régime alimentaire. La petite limace noire horticole (arion hortensis), très présente chez nous, ne se préoccupe pas du tout des déchets de culture, elle raffole en revanche des jeunes plantes. Efficacité : ça dépend de beaucoup de facteurs
  • Une dernière astuce qui n’est pas répulsive mais létale, la bière: on enterre un récipient avec de la bière dedans car les limaces sont très friande de cette boisson et se jetteront dedans. En faisant ça, il est fort probable qu’une bonne partie des limaces de votre potager tombent dans le piège mais l’odeur de cette boisson attirera également les limaces des jardins alentours dans votre potager. C’est gentil de votre part de débarrasser et d’adopter les gastéropodes de vos voisins, mais je ne suis pas sûre que ce soit le but recherché… Efficacité : Si votre but est de faire un élevage de gastéropode, c’est l’astuce qu’il vous faut. 

Il est possible que ces astuces fonctionnent chez vous, comme dit en introduction, ce qui marche chez l’un ne marchera pas forcément chez l’autre et inversement, cela dépend de beaucoup de facteurs. Peut être que les coquilles d’œufs semblent protéger vos choux, mais peut être que les limaces qui vous embêtaient initialement ont simplement trouvé meilleur cantine plus loin. Peut être que les déchets verts suffisent à vos limaces parce qu’ils ne sont pas tombé sur des semis plus appétissant (le soja, par exemple…) . Peut être que la cendre les a effectivement éloigné, mais que vos plants maintenant ne se développent plus. Peut-être enfin que les limaces ont simplement déserté car le temps sec ne leur est plus favorable…

N’y a t-il pas des solutions viables ?

Après n’avoir essuyé que des échecs avec les solutions miracles en vogue, il n’en reste qu’une qui fonctionne vraiment. Celle ci est cruelle, voire barbare diront certains, néanmoins, c’est à ce jour la méthode la plus efficace que j’ai trouvé.
A la tombée de la nuit, je pars à la chasse à la limace, armé d’une opinel et d’une lampe frontale, et j’essaie d’éliminer chaque limace que je vois, sur les planches du potager. Cette solution n’est pas très agréable, il m’a fallu du temps avant de me décider à l’appliquer.
Mais après voir perdu l’intégralité de mes semis de petits pois (non, pas exactement l’intégralité ; il reste 4 pieds), de carottes et betteraves, de soja, 50% des poivrons, 70% des courge-ttes, j’ai décidé de m’y mettre. Après une semaine de chasse chaque nuit, j’ai réussi à sauver l’intégralité des haricots (ou presque), et les cucurbitacées semblent être bien reparties. Je ne fais pas un potager pour occuper mes dimanches ou décorer ma pelouse (quoi que), mais bien parce que j’ai besoin de manger (et oui;) )

Mais pourquoi je les chasse, pourquoi je ne laisse pas faire la nature ?

Je prends tout simplement le rôle de prédateur. Celui ci étant largement sous-représenté, sa présence n’a pour ainsi dire aucun impact sur la population de gastéropodes. Alors, le temps que la population de prédateurs remonte et que l’on atteigne un équilibre naturel ou que les pertes deviennent acceptables, je deviens moi-même prédateur.

limaces dans un bocal

Chasse à la limace dans l’ancien potager, il y en avait beaucoup moins et pourtant les dégâts étaient conséquents.

Mon action anti-limace ne vise pas à les éradiquer totalement ; sur plus de 100m² en dehors du potager nourricier, je n’y touche pas et les laisse faire leur vie. Elles dévorent les semis de fleurs et les plantes d’ornement tant que ça leur dit, cela ne me dérange pas, mais je protège mon potager car il doit me nourrir. Parce que, qu’on soit d’accord, quand je parle d’invasion, c’est bien parce que je dois tuer entre 200 et 400 limaces, et ce tous les soirs ; c’est à cause de la quantité bien trop importante que je les tue plutôt que je les déplace simplement.

En attendant, comme je ne compte pas passer ma vie à leur faire la chasse, j’aménage des abris pour les prédateurs : une cabane à hérisson, des tas de bois broyé, des tas de pierre enherbés ou non, des tas de branches, des zones sauvages, la plantation de haies et de massifs de vivaces, qui sont autant de refuges pour mes alliés, staphylins, carabes, musaraignes, lampyres, etc.

 

J’envisage également l’adoption d’un couple de canard coureur indien, réputés pour leur qualité de mangeurs de limaces… Cette solution, souvent vue comme plus naturelle, n’est finalement pas moins barbare que de couper soi-même ses limaces ; simplement, on délègue cette tâche à un exécutant tiers… Or, je doute que, naturellement, on trouve fréquemment des canards parqués sur 100m²…

coin des vivaces et aromatiques, coquelourde, rhubarbe, thym, lavande, fenouil, oignons

coin des vivaces et aromatiques, coquelourde, rhubarbe, thym, lavande, fenouil, oignons

Bien sur, je continue le recours aux solutions miracles glanées ci ou là, car il faut tout tenter. Ne reste plus qu’à prendre mon mal en patience, et avec le temps, un équilibre naturel finira peut-être pas voir le jour…

 

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Bilan du potager printemps/été

recolte panier fait main zarzo

La saison chaude laisse place à la saison froide, les tomates laissent place aux choux, les journées s’écourtent et le thermomètre flirtent davantage avec le 0 qu’avec des températures caniculaires : pas de doute, l’été est bien derrière nous. L’heure pour nous de faire le bilan de notre potager printemps/été.  Lire la suite

Les2ALchimistes vous souhaitent une bonne année 2016.

bonne année annee

Nous vous souhaitons une très bonne année 2016 ! Nous espérons que vous avez passé de bonnes fêtes et que vous avez pleins de beaux projets pour cette nouvelle année.

Ici, notre résolution principale est celle d‘oser, de se donner les moyens d’atteindre nos objectifs. Les autres résolutions sont de petits défis assez simples (surtout réalisables, c’est le plus important) comme faire les marchés, fabriquer d’autres sacs en tissus, remplacer le jetable par du durable/réutilisable (les mouchoirs en tissus, c’est fait). Et enfin, continuer de semer des graines pour changer le monde 😉 Lire la suite