Et si l’on arrêtait de sauver nos plantes… ?

faut-il sauver nos plantes en tête - chrysope sur oeillet

Il est une question récurrente chez les jardiniers : « mon rosier/cornouiller/saule/lilas est attaqué, comment le sauver ? » . J’ai donc envie de vous partager une petite réflexion personnelle quant à cette question, sur l’acharnement thérapeutique sur les plantes ornementales et sur ma vision d’un jardin qui se doit d’être évolutif, vivant.

Accepter la mort de sa plante.

Déjà il faut savoir qu’une plante, surtout si elle est vivace, dispose d’énormément de ressources; dans la plupart des cas elle se remettra assez facilement d’une attaque (sauf cas exceptionnels, comme le buis et sa pyrale par exemple).
On a tendance à trop s’attacher à ses plantes, à leur accorder une valeur un peu trop sentimentale. C’est normal mais de fait, on en oublie que c’est un être vivant, qui est susceptible de disparaître. C’est quelque chose de très fréquent dans la nature, un arbre disparaît, et 2 autres prennent sa place, jusqu’à ce que l’un d’eux meurt, ou les deux, et ainsi de suite…

Ainsi, si votre rosier préféré finit par tomber malade trop fréquemment, ou se fait complètement défolier par une chenille ou une tenthrède, il est peut-être venu le moment de le remplacer ! Il est toujours possible de remplacer ce rosier par un autre, peut-être plus adapté à votre sol, à son emplacement, ou alors avec une couleur ou un port différent. Pourquoi ne pas adopter un rosier à fleurs simples, plus mellifère que les obtentions horticoles à fleurs doubles ? C’est donc mieux pour les abeilles, mais pas que.

Ou alors simplement remplacer ce rosier par une autre plante, qui n’a rien à voir ? Un jardin peut, et devrait évoluer. Si une plante est trop affaiblie par des maladies ou des attaques incessantes, peut-être n’est-elle pas adaptée, peut-être est-elle trop vieille ?

Profitez de la mort de vos thuyas pour implanter à la place une haie vive, composée de plantes locales ; beaucoup se bouturent très bien, et sauront résister à divers prédateurs. Qui plus est, en composant une haie vive « sauvage » et indigène, vous apportez un peu plus de diversité, protégeant ainsi cette même haie d’une attaque fulgurante par un insecte ou un champignon. On sait que la nature n’aime pas le vide mais elle n’aime pas non plus les monocultures; le manque de biodiversité rend les plantes plus vulnérables.

Acceptons quelques ravageurs.

Parmi les « ravageurs » récurrents concernant les plantes d’ornement, on voit souvent revenir les pucerons et les chenilles.
Tout le monde aime voir des coccinelles ou des chrysopes dans son jardin ; or, pour en accueillir et les fixer, il est essentiel de les nourrir. Ces demoiselles sont très friandes de pucerons, aussi en les laissant, vous favoriserez le retour de ces deux belles.
Et que dire des papillons ? Rares sont les personnes qui ne les apprécient pas ! Et pourtant systématiquement, on cherche à se débarrasser de leurs chenilles (oui car pour rappel, avant d’être des papillons, ce sont des chenilles!). Elles sont une nourriture de choix pour d’autres insectes, comme les guêpes (également très bonnes chasseuses de mouches, soit dit en passant!) et également pour certains oiseaux, dont la mésange et la huppe fasciée

deux coccinelles jaunes qui s'accouplent

Deux coccinelles jaunes

Pour embellir votre jardin, je vous recommande donc de ne pas vous débarrasser de vos « ennemis » qui n’en sont pas toujours ; laissez faire la nature et bientôt vous aurez dans votre jardin d’ornement, des papillons, des mésanges, des coccinelles, et toute une multitude de vie, qui ne rajoutera qu’encore plus de charme à votre lieu…

Il s’agit ici d’une simple réflexion, et elle ne concerne vraiment que la partie ornementale d’un jardin ; pour ce qui est des plantes potagères, le sujet est plus délicat, puisqu’il s’agit ici de se nourrir et ce n’est pas forcément l’esthétique qui primera…

Alexys

Pourquoi je suis devenu un tueur de limaces ?

comment je suis devenu un tueur de limace

Avec la météo très pluvieuse de ce début de saison 2018, combinée à des pratiques qui leur sont favorables, on assiste un peu partout à une prolifération de limaces très importante. Les limaces font de nombreux dégâts dans le potager, s’en prenant fréquemment aux semis tout juste sortis, aux plants fraîchement repiqués, et parfois à des plantes bien établies depuis longtemps.

Pourquoi autant de limaces ?

Pas de surprise, les pluies à répétition y sont pour beaucoup. Les limaces ne sortent que par temps humide, c’est pourquoi elles sont si présentes en ce début de saison, justement à la période où nous plantons et semons le plus au potager.
Nos pratiques au jardin ont un effet positif pour elles; cachées sous l’humide paillage, elles sont davantage protégées de la sécheresse estivale et des gelées hivernales. Le non travail du sol joue aussi pour beaucoup ; en le bêchant avant l’hiver par exemple, on remonte à la surface du sol les œufs et les adultes, ce qui, en les exposant aux oiseaux, au gel et au soleil, les régule. En abandonnant ce genre de pratique, nos amis passeront donc l’hiver sereinement et profiteront du redoux printanier pour se multiplier encore et encore.
Enfin, la diminution, quand ce n’est pas l’absence de prédateurs joue aussi pour beaucoup dans la prolifération des limaces.
Peu de régulateurs, un temps idéal, de quoi manger et de quoi se cacher, toutes les conditions sont réunies pour que la pression des limaces devienne insupportable.

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Comment s’en sortir ?

On lit beaucoup, beaucoup de choses sur les limaces, et chacun y va de sa petite astuce pour réduire les dégâts. Seulement, comme pour tout, ce qui fonctionne quelque part ne fonctionnera pas nécessairement chez vous. Je vais donc parler uniquement de ces solutions  miracle que je connais et ai testé sur notre terrain.

  • En premier lieu, une astuce qui revient souvent ; les coquilles d’œufs broyées, cassées, étalées au pied des jeunes plants. J’ai fait un test sur 6 salades, 3 avec coquilles, 3 sans : les 3 avec coquilles ont été dévorées la première nuit, et 1 sans protection a été dévorée aussi. Les 2 autres ont disparu la nuit suivante.
    L’efficacité supposée relèverait d’une observation un peu simpliste ; les bords coupant des coquilles couperaient le pied des limaces, ainsi elles ne franchiraient pas cette « barrière ». Visiblement, c’est un mythe, à moins que nos limaces n’aient la chance de pouvoir voler au-dessus de cette barrière… Mais non, je les ai clairement vues avancer dessus. Il en va de même pour la protection avec des bogues de châtaigne… De plus, il faut consommer une belle quantité d’œufs pour protéger ses plants de la voracité des mollusques . Efficacité : 0
  • Ensuite, j’ai testé le marc de café, réputé répulsif à fourmis et à limaces. Aucun doute possible, ça ne fonctionne pas ; j’ai pu voir de mes yeux une fourmilière dans un tas de marc de café, et des plants toujours autant dévorés malgré l’épandage du marc (par des limaces bien évidemment, pas des fourmis). Et encore une fois, imaginez la quantité de café qu’il faudrait ingurgiter pour protéger un potager entier… Efficacité : 0
  • Le paillage de chanvre est également réputé pour tenir à distance les limaces. On l’a déjà testé, et les limaces ont tout autant apprécié les choux chinois, avec ou sans chanvre. Efficacité : 0
  • Autre  « barrière » à limaces, le sable. Ayant déjà cultivé un potager sur sol très sableux, on peut confirmer que ça n’a vraiment aucun impact. Efficacité : 0

    dentelle limace et escargots

    Pak choi de notre ancien potager, sableux, qui était protégé par des coquilles d’œufs et paillé au chanvre.

  • Autre astuce, la cendre de bois, que nous n’avons pas testé, car la cendre est très alcaline. N’étant efficace que par temps sec, la barrière de cendres est à renouveler après chaque pluie. Mais à quoi bon se protéger des limaces par temps sec, alors qu’elles sont bien plus actives par temps humide ? Et comme il faudrait renouveler après chaque pluie l’apport de cendres, le risque de perturber le sol est très grand ; on ne devrait pas dépasser 100g de cendre au m² à l’année, grosso modo 2 poignées. Riche en chaux et en potasse, on risque de créer des blocages et des carences en voulant protéger ses plantes. Je pense qu’après une semaine de pluie, on dépasserait largement la dose maximale recommandée, à renouveler quotidiennement les cendres… Efficacité : faible au vu des inconvénients
  • On recommande de plus en plus souvent de déposer des déchets verts (fanes de légumes, épluchures…) directement au sol, les limaces étant a priori plus amatrices de ces restes de légumes plutôt que de nos jeunes pousses. En pratique, c’est bien plus complexe que ça car toutes les limaces n’ont pas le même régime alimentaire. La petite limace noire horticole (arion hortensis), très présente chez nous, ne se préoccupe pas du tout des déchets de culture, elle raffole en revanche des jeunes plantes. Efficacité : ça dépend de beaucoup de facteurs
  • Une dernière astuce qui n’est pas répulsive mais létale, la bière: on enterre un récipient avec de la bière dedans car les limaces sont très friande de cette boisson et se jetteront dedans. En faisant ça, il est fort probable qu’une bonne partie des limaces de votre potager tombent dans le piège mais l’odeur de cette boisson attirera également les limaces des jardins alentours dans votre potager. C’est gentil de votre part de débarrasser et d’adopter les gastéropodes de vos voisins, mais je ne suis pas sûre que ce soit le but recherché… Efficacité : Si votre but est de faire un élevage de gastéropode, c’est l’astuce qu’il vous faut. 

Il est possible que ces astuces fonctionnent chez vous, comme dit en introduction, ce qui marche chez l’un ne marchera pas forcément chez l’autre et inversement, cela dépend de beaucoup de facteurs. Peut être que les coquilles d’œufs semblent protéger vos choux, mais peut être que les limaces qui vous embêtaient initialement ont simplement trouvé meilleur cantine plus loin. Peut être que les déchets verts suffisent à vos limaces parce qu’ils ne sont pas tombé sur des semis plus appétissant (le soja, par exemple…) . Peut être que la cendre les a effectivement éloigné, mais que vos plants maintenant ne se développent plus. Peut-être enfin que les limaces ont simplement déserté car le temps sec ne leur est plus favorable…

N’y a t-il pas des solutions viables ?

Après n’avoir essuyé que des échecs avec les solutions miracles en vogue, il n’en reste qu’une qui fonctionne vraiment. Celle ci est cruelle, voire barbare diront certains, néanmoins, c’est à ce jour la méthode la plus efficace que j’ai trouvé.
A la tombée de la nuit, je pars à la chasse à la limace, armé d’une opinel et d’une lampe frontale, et j’essaie d’éliminer chaque limace que je vois, sur les planches du potager. Cette solution n’est pas très agréable, il m’a fallu du temps avant de me décider à l’appliquer.
Mais après voir perdu l’intégralité de mes semis de petits pois (non, pas exactement l’intégralité ; il reste 4 pieds), de carottes et betteraves, de soja, 50% des poivrons, 70% des courge-ttes, j’ai décidé de m’y mettre. Après une semaine de chasse chaque nuit, j’ai réussi à sauver l’intégralité des haricots (ou presque), et les cucurbitacées semblent être bien reparties. Je ne fais pas un potager pour occuper mes dimanches ou décorer ma pelouse (quoi que), mais bien parce que j’ai besoin de manger (et oui;) )

Mais pourquoi je les chasse, pourquoi je ne laisse pas faire la nature ?

Je prends tout simplement le rôle de prédateur. Celui ci étant largement sous-représenté, sa présence n’a pour ainsi dire aucun impact sur la population de gastéropodes. Alors, le temps que la population de prédateurs remonte et que l’on atteigne un équilibre naturel ou que les pertes deviennent acceptables, je deviens moi-même prédateur.

limaces dans un bocal

Chasse à la limace dans l’ancien potager, il y en avait beaucoup moins et pourtant les dégâts étaient conséquents.

Mon action anti-limace ne vise pas à les éradiquer totalement ; sur plus de 100m² en dehors du potager nourricier, je n’y touche pas et les laisse faire leur vie. Elles dévorent les semis de fleurs et les plantes d’ornement tant que ça leur dit, cela ne me dérange pas, mais je protège mon potager car il doit me nourrir. Parce que, qu’on soit d’accord, quand je parle d’invasion, c’est bien parce que je dois tuer entre 200 et 400 limaces, et ce tous les soirs ; c’est à cause de la quantité bien trop importante que je les tue plutôt que je les déplace simplement.

En attendant, comme je ne compte pas passer ma vie à leur faire la chasse, j’aménage des abris pour les prédateurs : une cabane à hérisson, des tas de bois broyé, des tas de pierre enherbés ou non, des tas de branches, des zones sauvages, la plantation de haies et de massifs de vivaces, qui sont autant de refuges pour mes alliés, staphylins, carabes, musaraignes, lampyres, etc.

 

J’envisage également l’adoption d’un couple de canard coureur indien, réputés pour leur qualité de mangeurs de limaces… Cette solution, souvent vue comme plus naturelle, n’est finalement pas moins barbare que de couper soi-même ses limaces ; simplement, on délègue cette tâche à un exécutant tiers… Or, je doute que, naturellement, on trouve fréquemment des canards parqués sur 100m²…

coin des vivaces et aromatiques, coquelourde, rhubarbe, thym, lavande, fenouil, oignons

coin des vivaces et aromatiques, coquelourde, rhubarbe, thym, lavande, fenouil, oignons

Bien sur, je continue le recours aux solutions miracles glanées ci ou là, car il faut tout tenter. Ne reste plus qu’à prendre mon mal en patience, et avec le temps, un équilibre naturel finira peut-être pas voir le jour…

 

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Réduire ses déchets avec ces 10 gestes simples

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Si le tout jetable a été vendu aux précédentes générations comme une libération, l’abandon de contraintes et la facilité, il n’en reste pas moins que ces produits à usage unique sont un désastre écologique. En plus des ressources nécessaires à leur fabrication et à leur acheminement, il faut prendre en compte les ressources utilisées pour les détruire ou les recycler. Ces produits jetables comme les sacs, les emballages, les cotons tiges nécessitent du plastique, matière polluante issue du pétrole. Ces produits sont parfois recyclés mais ils sont aussi parfois enfouis ou incinérés. Quand ce n’est pas du plastique, comme pour les cotons démaquillants ou le papier absorbant, c’est du coton, dont la culture, souvent OGm,  nécessite des quantités phénoménales d’eau et de pesticides. Une pollution invisible mais pas moins irréelle. Trier ces déchets, c’est bien mais limiter leur production, c’est encore mieux; comme on dit, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Voici donc quelques petits gestes faciles à mettre en place pour réduire ces déchets.  Lire la suite

Permaculture – le gros mot.

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A plusieurs reprises, sur le blog ou sur les réseaux sociaux, on nous interroge sur notre façon de jardiner et on relève le terme « permaculture ». Qu’est-ce que c’est ? Quelle est la différence avec l’agriculture biologique?  Est-ce que je peux faire de la permaculture sur mon balcon? 

Trois ans qu’on s’est penchés plus sérieusement sur le sujet (pour ma part, je partais de zéro), deux ans qu’on tient ce blog, entre popote et jardinage. C’est peut être l’occasion de réfléchir à cette notion et partager avec vous ce qu’on en retient.

Un mot dans l’air du temps, qu’il est difficile de coller à une définition bien cadrée; et pour cause, c’est un concept systémique, une manière de voir et d’appréhender les choses dans leur globalité. Et si je devais l’expliquer avec mes mots à moi, je dirai que c’est d’abord observer la nature, s’en inspirer et faire en fonction d’elle, toujours dans la bienveillance. C’est voir les choses dans leur globalité et non séparément: chaque être, chaque végétal, de par ses différentes fonctions agit en synergie avec les autres pour créer la vie.

Ainsi, « mauvaises herbes » (=adventices) et « nuisibles » ont un intérêt , peut être pas directement pour nous, Humains, mais un intérêt quand même.  Quand du liseron ou du rumex poussent entre vos tomates et poivrons, ils travaillent à votre place. Par leurs puissantes racines, ils ameublissent le sol et les parties aériennes vont limiter l’évaporation de l’eau. Le tout va apporter de la matière organique, donc des éléments nutritifs, ainsi que le gîte et le couvert aux micro et macro organismes naturellement présents dans le sol.  (on le vous disait déjà dans cet article publié il y a deux ans.) )Comme tout est question d’équilibre , il n’est pas question pour autant de laisser son potager nourricier devenir un champs de chiendent, il y a évidemment un entre deux à respecter si on veut manger… tout en ne passant pas sa vie à désherber. On y reviendra plus tard…

Je n’ai pas ici choisi forcément le meilleur exemple puisque dans ce cas, les « mauvaises herbes » servent l’Humain. Une précision tout de même : ce n’est pas parce que des plantes ou des êtres semblent « servir à rien », qu’ils ne servent à rien. D’ailleurs, indirectement, tout finit par nous servir. 

Il existe trois grands principes fondateurs : Prendre soin de la terre, prendre soin des hommes et partager équitablement. Car la permaculture ne s’arrête pas au jardinage mais s’étend à tous les domaines de la vie, et c’est bien logique puisqu’elle se base sur un modèle où tout est lié.

Pour illustrer cette synergie, il existe la fleur permaculturelle (je l’ai choisi détaillée pour davantage comprendre son étendue) :

fleur-permaculture-complete-couleur

Source : Lasymbioserie.com

Sans même avoir l’âme d’un.e jardinier.e , il se peut que votre démarche perso s’inscrive également dans cette fleur : minimalisme, zéro déchet, éducation bienveillante, médecine alternative … C’est ainsi que certain.e.s sont dans une démarche qualifiée de permacole, sans jamais avoir mis les mains dans la terre, quand d’autres jardinie.re.s, aussi bio soient-iels, en sont loin.

Là où je veux en venir, c’est que réduire la permaculture à du jardinage bio est une absurdité; malheureusement c’est ce qu’il se passe la plupart du temps. La faute bien souvent aux médias qui, par le biais de 2 pages dans un magasine ou 5 minutes au JT, présentent le sujet comme la solution miracle à la faim dans le monde ou comme un courant New age marginal pour les originaux. Pire, on réduit la permaculture à des techniques, comme les fameuses « buttes (auto-fertiles) de permaculture« , les « bacs de permaculture« , le paillage à la paille, la non-nécessité de l’arrosage ou la récupération systématique des semences; pleins de « bons » conseils qu’il semble falloir suivre à la lettre pour être un bon permaculteur. Rappelons quand même qu’à la base, il s’agit d’observer et de faire en fonction, donc en résumé, réfléchir : l’arbitraire ne peut avoir sa place dans ce système. Car ce qui marchera chez l’un.e ne marchera peut-être pas chez l’autre. Essayer de (re)créer un écosystème durable et résilient avec des conseils qui s’appliquent parfaitement à l’opposé du pays ça peut fonctionner… comme ça peut totalement foirer. Et il serait dommage de perdre un temps précieux (et souvent des ressources précieuses) avec des pratiques qui ne conviennent absolument pas.

Pour reprendre l’exemple trop souvent lus des buttes : Sur un sol très argileux,  lourd et qui retient un peu trop l’eau, il peut être intéressant de mettre en place des butes pour aider au drainage. mais faire des butes sur une terre plutôt sableuse est un non sens puisque le sol est déjà drainant; l’eau va juste traverser la butte, pas grand chose ne la retiendra.

Il est donc assez difficile de répondre à quelqu’un.e qui demande  » comment se lancer là dedans? « , notamment pour le jardinage. Bien sûr, il y a des conseils qu’on peut donner et c’est aussi un peu le but de l’article. Il faut garder à l’esprit que la permaculture n’est pas une baguette magique qui permet forcément de créer l’abondance sur des petits espaces, ou qui permet de se passer totalement d’eau, ce n’est pas une recette de cuisine qu’on suit à la lettre, ni un schéma de bac en bois pour obtenir de jolis carrés potager. En revanche, les conseils qui nous semblent les plus pertinents à donner, sont d’observer, rechercher et s’instruire, et rester curieux.se .

Observer son lieu de culture, les avantages (pluie, soleil..) les inconvénients (pluie, soleil..;) ), ce qui y pousse naturellement, et chercher l’indication que nous donnent ces plantes, le type de sol, les ressources qui se trouvent autour du lieu etc
Réfléchir à vos envies et vos capacités
Lire des livres sur les sujets : sur les plantes en elle-même, sur le compost, sur les couvertures de sol, sur les acteurs de votre potager et leurs besoins : les pollinisateurs, les travailleurs du sol, les nuisibles.

Bref, l’intérêt est de comprendre votre jardin afin de faire les bons choix. Et le plus important pour moi, expérimenter. Le risque en partant totalement à l’aveugle c’est de perdre du temps et de gâcher des ressources (l’eau notamment, et tout ce qui aura servi à faire naître vos plants) mais l’expérience, avec ses réussites et ses échecs est aussi un très bon moyen de comprendre. Bref, feeling et curiosité sont des outils précieux pour s’épanouir dans ce domaine.

la permaculture-les2ALchimistes

Pour illustrer davantage nos propos, voici un peu comment on fonctionne chez nous.

Première phase d’observation
Quand nous sommes arrivés il y a un an jour pour jour, il n’y avait rien dans le jardin sinon un bananier et un palmier au milieu. Nous avons commencé par enlever ceux-ci, qui ne sont pas du tout adaptés à notre climat et qui demande des litres et des litres d’eau. La « pelouse » étaient en réalité un mélange de mousse, chiendents, verveine officinale et de potentille rampante; ces plantes nous indique un terrain lourd et asphyxié. Il faut dire qu’une piscine portative y est restée un temps, et plusieurs tonnes d’eau, ça tasse… .Une dent de grelinette cassée est aussi un très bon indicateur d’un sol très très tassé…

Déléguer le travail du sol aux engrais verts – Le droit à la paresse
Arrivés en plein été, Alexys a préparé rapidement quelques planches à la grelinette pour pouvoir cultiver tout de suite plusieurs choses. Sur les planches inoccupées, des engrais verts y ont été semés pour ameublir ce sol très lourd, nourrir le sol par les racines puis par la suite, par les parties aériennes. Chaque hiver, les planches seront désormais couvertes; soit de cultures d’hiver (épinards, fèves, chou chinois, radis d’hiver), soit d’engrais verts.

Réfléchir à nos besoins et nos envies. 
Etant limités en place, nous avons beaucoup réfléchis aux légumes que nous souhaitions cultiver; pas question de réserver de la place pour des pommes de terre qui ne coûtent pas très cher, mais obligation de mettre beaucoup de pieds de courgettes puisque ce légume est celui que nous consommons en très grosse quantité (#teamcourgette) et sous toutes les formes. Nous n’avons pas fait beaucoup de tomates car nous ne les consommons qu’en sauce (pas #teamtomate). Nous n’en ferons pas l’année prochaine, on passera directement par un maraîcher pour faire nos sauces, nous offrant la possibilité de faire davantage de poivrons.

Réfléchir à ce qu’on ne veut pas. 
Les engins motorisés (tondeuse, taille haie, motobineuse) sont proscrits chez nous: c’est une pollution bien inutile sur un si petit espace. Tondre tous les quatre matins, même si c’est à la tondeuse manuelle, ce n’est pas pour nous #teammalsrasés

Faire avec les ressources alentours. 
Derrière chez nous, au fond du jardin, il y a un fossé communal qui est de temps en temps débroussaillé par les agent.e.s de la commune. Très bien! Un coup de râteau et on obtient de quoi pailler le potager ! Nos deux voisins tondent leur pelouse et emmènent leur tonte à la déchetterie. Très bien, on la récupère !

Nourrir nos allié.e.s, leur offrir le gîte. 

On lit et entend souvent que la permaculture c’est aussi apprendre à ne pas faire; ne pas intervenir dès que les pucerons apparaissent par exemple. S’il est vrai que nous appliquons ce principe, nous ne restons pas non plus sans rien faire; laisser les pucerons envahir son potager « permacole » et continuer à tondre et à tenir un jardin excessivement « propre » n’est clairement pas la bonne manière.

Afin d’accueillir, et surtout, de conserver nos auxiliaires divers (chrysopes, coccinelles, syrphes, abeilles, carabes, etc.) il est primordial de semer des fleurs mellifères, laisser des coins sauvages et non tondus, laisser des tas de pierres, entasser des branchages et feuilles mortes. Ainsi, vos auxiliaires venus se régaler de vos pucerons, limaces et autres « nuisibles », trouveront le nécessaire à une installation perenne. A terme, chaque « invasion » sera plus facilement et rapidement jugulée. Un équilibre peut ainsi se créer. Installer une haie vive avec des espèces indigènes prélevés ici ou là dans le village, procurant des fleurs pour les insectes, des fruits pour les oiseaux, et un abri pour toute une myriade de vie est également un atout de taille pour amener un jardin « classique » à un jardin vivant, de biodiversité.

Apprenez à connaitre vos plantes et insectes, pour mieux accepter leur présence.

Et en dehors du jardin? 

On essaie de produire le moins de déchet possible (zéro déchet), et les déchets organiques sont compostés via un composteur traditionnel et un lombricompost . On essaie de consommer moins mais mieux , on fait de la récup de meubles, de fringues et même de nourriture . On récupère les eaux grises (eau de chauffe, eau de rinçage de mains/vaisselle/légumes, eau de la douche sans savon) pour le potager, en plus de l’eau de pluie. On apprend à faire les choses nous même (couture, produits ménagers et cosmétiques …) et ensuite on transmet, que ce soit via ce blog ou via un atelier dans une jolie boutique . On essaie de relancer un jardin partagé dans notre commune, même si nous faisons face à des déconvenues, on sensibilise un peu autour de nous, l’air de rien. On essaie d’être bienveillants mais ce n’est pas toujours le plus facile…

Bref, nous essayons de faire au mieux, entre nos envies, nos besoins, nos convictions, nos possibilités… et nos limites ! Nous souhaitons simplement prendre soin de la Terre, des animaux humains et non-humains, dans le respect et la bienveillance.

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Avoir moins, être mieux.

less is more minimalisme les2Alchimistes

Même si j’utilise souvent ce terme dans mes articles, je n’en ai jamais consacré un seul sur le sujet, et pour cause, ne l’étant pas à 100%, je ne me sentais pas légitime. Je voulais vous parler du minimalisme, d’un point de vue très personnel.

On le voit un peu partout, ma cuisine minimaliste, ma garde robe minimaliste (capsule wardrobe), ma routine minimaliste… Beaucoup d’articles pour traiter d’un sujet qui pourtant prône le moins. Lire la suite